Conversation :
" Et il parle de quoi ton site?
- (suit la liste - voir le menu -, et entre autres, donc... : ) River Phoenix.
- C'est quoi?
- Pas 'quoi', qui.
- Ah ouais, c'est pas l'acteur qui est mort?
- Oui. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux.
- Il est mort de quoi déjà?
- Overdose.
- Ah, c'était un camé? Pourquoi tu parles de lui alors?
- ... (ici le silence las de qui a déjà entendu vingt fois cette question stupide)
- En plus il est mort, je vois pas l'intérêt.
- ... " (ici le silence las de qui a déjà aussi entendu vingt fois cette réflexion, et qui essaie de se convaincre que l'humanité mérite autre chose que l'extermination pure et simple. Ce qui, soit dit en passant, est une des réponses aux interrogations ci-dessus : il y a des gens qui, même morts, offrent encore beaucoup plus d'intérêt et de sujets de réflexion originaux que bien des vivants...)

Les autres réponses pourraient être :

1. questions infondées : il n'y a pas de rapport de cause à effet - ni pour ni contre, d'ailleurs - entre sa mort (et ce qui l'a causé), et sa présence dans le Soulcatcher. Encore que statistiquement, faut croire que ça aide puisque la plupart de mes 'invités' le sont - morts. Voire mort-vivant. Mais je ne suis pas sectaire.
   Cela dit, quand on voit ce qui s'écrit sur les jeunes acteurs en général, je suppose que je n'aurais pas fait attention à lui s'il n'était pas mort, vu que c'est le contraste entre son image pre- et post-mortem qui m'a intrigué. Quelque chose qui clochait dans le tableau.

   

   (Donnez-lui une guitare et peut-être qu'il ne fera pas la gueule...)

2. pourquoi je parle de lui :
   - c'est un puzzle caché sous un mystère, et j'aime les défis de l'esprit.
   - il est plein de contradictions - apparentes du moins -, et j'aime les contrastes.
   - il est au coeur de plusieurs domaines où j'avais (et j'ai encore) beaucoup à apprendre : cinéma, musique, etc... C'est même lui qui m'a ramené à Rimbaud, comme quoi...
   - il dégage quelque chose d'unique qui me fascine et m'inspire, et je suis toujours à la recherche de l'inspiration.
   - c'est aussi un rappel constant qu'il ne faut pas se fier aux apparences - ici en l'occurrence, les apparences jouaient doublement contre lui : ni les boy-scouts ni les rebelles "de luxe" ne m'intéressent, je suis trop cynique pour faire confiance aux premiers et trop lucide pour croire aux soi-disant convictions des seconds.
   - leçon suivante : média = intermédiaire = déperdition de l'information (ça c'est à la fois une litote et un truisme, si vous me permettez de faire la cultivée)
   - leçon suivante : acteur = masque = mensonge = ?
   - leçon suivante : cinéma = société (au sens de regroupement de personnes) = relations sociales = masques = acteur ? (cf. Shakespeare)
   - leçon suivante : quand les compromis ressemblent trop à des compromissions, laisse tomber et casse-toi, avant de tomber en morceaux.
   - leçons suivantes : ... elles sont personnelles, à vous de suivre votre propre voie, les réponses sont différentes pour chacun de nous...
   

La boucle est bouclée. Mais la route ne finit jamais.

Bon par contre, à l'instar de ses confrères du Soulcatcher, il a une fâcheuse tendance à me lancer dans des considérations métaphysiques et des envolées lyriques, quand ce n'est pas pire, mea culpa...

Et je parle de lui au présent, parce que sa mort n'a pas oblitéré ces aspects qui me le rendent intéressant - sa musique existe encore, ses films aussi, ainsi que les gens qui ont travaillé avec lui, et les milieux où il évoluait... Autant de pistes à explorer, de choses à découvrir.

River à travers son oeuvre - un mémorial combinant ses films et des textes de ses chansons

River par lui même - quelques citations

Si quelqu'un a la version originale de l'interview de River réalisée par Jean-Paul Chaillet pour Première, j'aimerais beaucoup lire ça. J'ai bien la traduction, parue dans le numéro de Première de décembre 93, mais la VO dans ces cas-là c'est toujours mieux. Ou bien l'adresse e-mail de Chaillet pour que je lui demande directement?...